Le visage de la déception

LE VISAGE DE LA DÉCEPTION

OUFF! COMMENT PARLER de tout ça maintenant?

Que ce soit le choc du diagnostic, le résultat d’un traitement ou d’une récidive, la nouvelle que nous venons de recevoir en tant que personne directement concernée ou bien, étant qu’un membre de la famille, ami(e) ou proche aidant, nous ressentons une profonde déception. Bien des gens illustrent cette nouvelle comme un énorme serrement de gorge, une brique reçue en pleine figure, ou encore un boulet reçu en plein cœur qui vous projette tête contre terre. Je me rappellerai toujours ce moment dans le bureau du médecin. Cinq minute qui m’ont paru une éternité. Assis près de son bureau, le médecin regarde son ordinateur. Il agite des touches sur son clavier, mais il demeure sans mots. Le temps me paraît maintenant plus long que l’éternité. La peur avait commencé à s’installer en moi. D’un ton rempli d’émotions, la gorge nouée, je lui dis, j’ai un cancer Hein! Il me répondit! Oui! cancer de la prostate stade 2 grade 3…. Le boulet de canon m’enfonça profondément dans ma petite chaise droite. Par la suite, je n’ai rien retenu ou presque de tout ce qu’il m’a dit. La douleur était trop grande.

Ou je veux emmener avec ça…

Il n’est pas évident de prédire les réactions face à une telle nouvelle. L’humain est ce qu’il est après tout, un être sensible face à son bien-être et à celui des autres. Pendant que les heures et peut-être même les jours passent, nous ressentons beaucoup de tristesse. Une tristesse qui ne nous quitte pas, une tristesse omniprésente en soi.  Nous-mêmes ainsi que les gens autour de nous sommes tous profondément bouleversés et attristés. Bien souvent, les larmes sont facilement présentes et ce sont les mots qui manquent. Nous ne savons pas trop quoi dire et surtout comment les dire. La peur de blesser davantage est là. Y a-t-il une marche à suivre qui vient avec la nouvelle. Non! Il en très bien ainsi, car chacun doit de respecter où il peut aller.  Bien souvent, laisser pour un moment la poussière retombée est le mieux que l’on puisse faire. Cette pause permet aux émotions de légèrement se calmer sachant que tout ça va engendrer de gros effort le moment venue où nous allons décider d’amorcer le sujet. Sachez que le fait de ne pas parler, n’est du tout un signe de faiblesse.

Envisager parler de cette nouvelle réalité présente peut vous aider à mieux comprendre tout le processus naturel que vos émotions ou celles des autres autour de vous engendrent. Parler fait partie des bonnes choses que l’on puisse faire. Parler rapproche les cœurs et resserre les liens. Vous me direz, mais encore là trouver le bon moment n’est pas chose facile. Je suis en parfait accord avec vous. Je tiens à vous rassurer d’une chose. En réalité, il n’y a pas de bon ou de mauvais moment. Il y aura simplement un moment où nous nous ressentirons plus disposé à débuter une discussion. Je me répète peut-être, mais l’un des plus grands obstacles est que nous ne voulons pas blesser davantage ceux que l’on aime.  En temps opportun, chacun y trouve son moment. Personnellement, lorsque j’ai commencé à parler le langage du cancer – de sa réalité émotionnelle – mon sentiment de proximité avec mes proches a grandi. J’ai commencé à me sentir plus libre intérieurement. C’est comme si je donnais une permission à mon entourage de pénétrer dans ma douleur à leurs rythmes à eux. En réalité, je crois que toutes personnes touchées directement ou indirectement avec le cancer recherche une certaine porte qui lui permettra d’entrer en lien avec l’autre avec le plus de douceur possible afin d’y relever au minimum la douleur. Sachez qu’à travers un moment difficile, le respect de soi et des autres fait partie des priorités.

Je vous partage sous ces quelques lignes qui vont suivre, des conseils que la Société Canadienne du Cancer affiche publiquement.  Que ce soit vous la personne touchée par le cancer, ou que vous soyez un membre de la famille, un ami(e) ou un proche aidant, sachez que c’est la même chose. Vous vivez le même processus intérieur issu d’une situation émotionnelle soulevée par le cancer. La problématique est la nouvelle en soi. Tous autant l’un que l’autre en est affecté. C’est simplement de degré de proximité avec le cancer qui change. Vous comprenez…

Je vous laisse sous ces précieux conseils.

Gratitude et amour

Michel

Parler du cancer (Source Société Canadienne du Cancer)

Préparez le terrain. Décidez à qui vous voulez annoncer votre diagnostic, et comment, c’est-à-dire en personne ou au téléphone. Pensez à ce que vous voulez dire et aux détails que vous souhaitez partager ou non. Essayez de prévoir les questions qui vous seront posées et préparez quelques réponses simples. Vous n’avez pas à répondre à tout; il vous appartient de décider ce que vous préférez garder pour vous.

Soyez aussi honnête que possible face à ce que vous ressentez. Toutes les émotions, quelles qu’elles soient, vous sont permises. Vous n’avez pas à protéger les gens en leur dissimulant vos peurs. Les exprimer est au contraire très sain. Si vos sentiments sont confus, dites-le. Une fois que vous aurez brisé la glace, parler vous paraîtra peut-être plus facile que vous l’imaginiez.

Facilitez une conversation en privé et dans le calme. Lorsque vous vous sentez prêt à parler, trouvez un moment et un endroit propices et tranquilles, où votre conversation ne risque pas d’être interrompue. Éteignez la télévision, l’ordinateur et les cellulaires. Fermez la porte.

Demandez à quelqu’un d’autre d’être présent pour vous soutenir. Parfois, il peut être utile d’être accompagné de quelqu’un qui est déjà au courant de la situation. Cette personne pourra alors vous soutenir et vous aider à répondre aux questions.

Amorcez la conversation. Dites d’abord à la personne que vous avez quelque chose de grave à lui dire.

Partagez l’information petit à petit. Les mauvaises nouvelles sont plus faciles à absorber lorsqu’on les annonce graduellement, quelques phrases à la fois. Assurez-vous que la personne comprend bien ce que vous lui dites.

Ne forcez pas les choses. Il peut y avoir des moments où on n’a pas envie de parler – c’est normal. Si cela vous arrive, dites-le simplement. Tenez aussi compte de l’état d’esprit des autres s’ils ne sont pas prêts ou disposés à parler.

Ne vous en faites pas s’il y a des moments de silence. Vous constaterez peut-être que de vous tenir la main ou de vous asseoir ensemble calmement en dit déjà assez. Si le silence vous rend mal à l’aise, vous pouvez poser à l’autre une question aussi simple que : « À quoi penses-tu? ».

Choisissez quelqu’un qui parlera pour vous. Parler constamment de votre diagnostic ou donner des nouvelles du traitement peut être épuisant. Il n’est pas nécessaire de tout dire vous-même à tout le monde; vous pouvez demander à un ami ou à un membre de la famille de passer le mot aux personnes de votre choix.

Partager sans parler

Si parler vous semble trop difficile, il y a d’autres moyens de partager vos pensées et vos sentiments.

 

Courriel et médias sociaux. Le courriel et les médias sociaux permettent de donner de vos nouvelles tout en ayant le temps de choisir vos mots avec soin, sans avoir à répéter la même information à différentes personnes. Cette façon de communiquer peut aussi être moins exigeante sur le plan émotif. Vous avez aussi l’option de demander à quelqu’un d’autre de rédiger vos courriels, d’y répondre, ou de publier vos nouvelles.

Tablette ou bloc-notes partagés. Le partage d’une tablette ou d’un autre moyen de communication peut permettre à une personne de décrire ses émotions et de lire ce que les autres ressentent, sans avoir à en parler.

Différentes formes d’art. Pour exprimer vos émotions, vous pouvez aussi écrire des chansons ou des poèmes, ou en trouver qui ont été écrits par d’autres. Ou encore, créez une peinture, un dessin ou une sculpture qui représente ce que vous ressentez.

Présence physique. Parfois, on veut juste que quelqu’un soit présent pour pouvoir être assis tranquillement l’un près de l’autre, se tenir la main, se faire un câlin, pleurer ensemble ou avoir une épaule sur laquelle se reposer.

Si vous n’avez pas envie de parler

Il se pourrait qu’à certains moments, vous n’ayez tout simplement pas le goût de parler du cancer. Continuer à accomplir vos tâches quotidiennes peut être pour vous la meilleure façon de composer avec la maladie. Parler du cancer risque d’ajouter à votre stress alors que vous avez besoin de toute votre énergie pour faire face aux traitements.

Si c’est ainsi que vous vous sentez actuellement, expliquez aux membres de votre entourage que vous leur ferez signe lorsque vous aurez envie de parler.

Avec les connaissances et les collègues, il peut être plus facile et moins gênant de dire seulement quelques mots sans entrer dans les détails. Donnez-leur une réponse brève mais franche et dites-leur que vous vous appréciez leur gentillesse.

 

 

 

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