QUAND DEUX ANGES SE PRÉSENTENT…
DIEU MERCI…
Je me rappelle très bien quand tout ça à commencer à me faire peur. Mon plan était fait. Avec un peu d’argent accumulé au fur des années, je partais pour quelque temps vivre l’expérience d’être semi-retraité. L’écriture, le ressourcement, le bénévolat et une petit job de deux jours et demi par semaine étaient au cœur de mes besoins du moment. Comme deux grandes personnes, moi et mon ex-épouse venions quelques mois auparavant de nous entendre sur le partage de nos biens. Nos visions ne concordaient plus. Aujourd’hui, je sais très bien que c’est moi qui me sentais intérieurement guidé vers autre chose. [ Je vous reparlerai de ça dans un autre article très bientôt].
À cette époque j’avais cinquante-cinq ans. Depuis l’âge de dix-huit ans, je côtoyais au quotidien la performance. Cette vie trop souvent dépourvue de conscience, c’était transformée peu à peu en une vie qui avait perdu beaucoup de son sens. Au début de la cinquantaine, j’en étais même rendue complètement à bout de souffle.
Hiver 2016-2017, je vais perdre sans raison apparente plus de soixante livres en six mois. Après quelques mois d’investigation de la part de mon médecin de famille sur les causes de cette perte de poids drastiques, je me suis plié à sa demande de passer les examens quant à la possibilité d’un cancer, car il n’y avait rien trouvé. Je n’y voyais aucun problème, car dans ma nature profonde j’ai toujours eu de l’ADN de super héros. Hi! Hi!…
UN MONDE DIFFÉRENT COMMENCE À SE METTRE EN IMAGES… sans le savoir, j’amorçais mes premier du chemin de l’acceptation.
Février 2017, pour faire suite à la recommandation de Bertrand, mon merveilleux médecin de famille qui m’a sauvé la vie (je vous en reparlerai dans un autre blog), l’annonce d’un tout petit nodule sur la prostate vient faire son entrée de jeu dans ma vie. Le médecin et chirurgien spécialiste qui m’est référé pour faire l’expertise, me dit que nous pourrions faire une biopsie de ça au printemps, au retour de mon voyage hivernal. J’ai accepté, et comme il m’avait expliqué, bien souvent, chez les hommes de mon âge ce phénomène se présente, mais cela ne veut pas dire pour autant que c’est cancéreux me dit-il. Je suis donc partis vers les États-Unis, avec une seule idée en tête, mon petit projet personnel que je vous ai partagé tantôt.
Mais là, je me dois de commencer à vous faire des aveux. Pour la première fois de ma vie, je ressentais en moi quelque chose d’inhabituel. J’avais certes déjà ressenti de la crainte ou de la peur auparavant, mais cette fois c’était différent. C’est le mot « cancer » qui apportait cette différence. Ce mot que je qualifierai de dur engageait dans mes pensée un monde de possibilités. Cette fois, ce mot se voulait potentiellement être associé à moi-même personnellement et non à quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, le cancer est tellement présent autour de nous. Vous comprenez ce que je veux dire. Le mot « craintes » qui définissait mes ressentis quotidiens a commencé à se transformer, se changeant graduellement en peurs. La résonance intérieure du mot peur n’était pas du tout la même que j’avais ressentis dans autres occasions. Je ressentais que ça faisait plus mal et ça me concernait moi. C’était différent. C’est à partir de là que de nouvelles pensées se figuraient en images dans ma tête. Souffrance, douleur, impuissance, mort, perte…devenaient quelque chose de possible. Je dois vous dire que la seule idée de penser que je serais peut-être atteint du cancer de la prostate, me donnait envie de ne plus entrer chez-moi pour passer cette biopsie au printemps. Je ressentais que j’avais eu selon moi mon lot d’épreuves dans la vie. J’avais assez travaillé durement, que maintenant profitez d’opportunités que je me donnais était mon plus grand objectif. Vivre mon petit rêve à travers l’écriture, le bénévolat et le travail à temps partiel était vraiment ce que je voulais. Je voulais que cela ne s’arrête jamais. Vous comprenez!
EST-IL NORMAL DE PENSER AINSI…
Je vous explique pourquoi ces nouveaux sentiments me faisaient peur. Pourquoi, resonnaient-ils de plus en plus fort en moi? Et pourquoi, ils me faisaient tant de mal alors que pourtant je n’avais pas encore été diagnostic d’un cancer de la prostate. Le cerveau est fort…
Je ne sais pas pour vous, cela dépend peut-être de votre âge, mais moi je crois être né inévitablement sous le signe de la performance. Tout jeune à peine onze ans, j’ai vu mes parents travailler durement pour changer leur vie. Mes parents sont passés de travailleurs salariés à propriétaire d’un commerce florissant. Je les voyais y mettre des heures. Je les voyais travailler pour assurer notre sécurité. Je les voyais travailler pour nous permettre d’améliorer notre qualité de vie et pour y vivre des belles expériences. Je les voyais ramasser des économies pour le futur. Je les voyais planifier une retraite. ils voulaient le mieux. C’est de cette école que je suis né. L’école issue d’une société qui s’est construite sur la base suivante, il nous faut définir tout jeune qui nous sommes pour savoir qui nous voulons devenir. Je ne peux juger, car je crois que les hommes et les femmes de ce monde ne veulent que faire mieux pour eux et les autres. Mais personnellement, je crois qu’il est important de reconnaître les dangers de vouloir se mouler à une identité de société qui peut-être n’est pas entièrement la nôtre. Ça peut vraiment nous mettre en boîte. Nous pouvons voir aujourd’hui avec évidence les impacts d’une modélisation de société axée sur le rendement et sur l’apparence résultante. J’arrête ici sur ce sujet car je pourrais vous parler pour des heures.
Il est facile de constater que de plus en plus de gens sont touchés par l’épuisement professionnel, la santé mentale est un sujet de discussion courante maintenant et je dirai même que nous prenons de plus en plus conscience de l’importance qu’il faut accorder à la santé émotionnelle. Faut-il considérer l’ensemble tout ça. Plusieurs études tentent aujourd’hui de démonter les liens qui existent entre la vie que nous vivons et la maladie qui nous surprend. Ramener cette question à soi-même peut éclaircir bien des choses. Elle peut à elle seule apporter réponses ou du moins des piste de solutions. De nos jours les mots stress et anxiété font partie du quotidien des gens et ce, des gens de plus en plus jeune. cela me touche directement au cœur.
Un peu plus chaque jour, alternant entre la conscience et l’inconscience d’une possibilité qu’un cancer se soit développé en moi, le temps m’amenait à la réflexion suivante. Et si, j’avais vécu toutes ces années pour me ramasser du jour au lendemain avec un foutu cancer au-dessus de ma tête pour le reste de ma vie. Rien qu’à y penser j’en avais des frissons. Vous voyez… J’avais peut-être peur de perdre beaucoup au bout du compte. Après tout on est des humains.
LA CHANCE ET LE FAMEUX NODULE CANCÉREUX…
De cette expérience quelque peu tumultueuse que je vivais avant de connaître la gravité de ce petit nodule sur ma prostate, j’y ai tirai bien des leçons positives et aidantes. Je vais vous faire trois aveux.
Le premier, est le moment où j’ai compris que je pouvais me faire du mal rapidement en tombant dans un cercle vicieux de mes pensées. Le second, il m’était important de trouver de l’écoute sans jugement pour me rassurer. Et le troisième aveu, est que j’ai vraiment trouvé difficile l’aspect que ma réalité future puisse blesser quelqu’un d’autre, en outre ma famille. Pour moi, la simple idée de faire du mal sans le vouloir à une personne que j’aime, me rendait tout croche. Ça me crevait le cœur. Ça été difficile au début avant que je commence à parler plus ouvertement. Vivant seul, je me retrouvais souvent aux prises avec des sentiments, de peines, d’impuissance, de maladresses… Je me retrouvais souvent en petite boule sur le divan ou dans mon lit avec des larmes qui glissaient sur mes joues. Ça faisait mal en dedans…
À LA BONNE PLACE AU BON MOMENT…la vie est bien faite après tout.
Une chance s’est pointé le nez cet hiver-là en attendant de passer cette biopsie au printemps. Quelqu’un c’est retrouvé sur mon passage au bon moment. J’ai fait la rencontre d’une femme extraordinaire de l’Alabama. Betty de son prénom. Nous avions développé cette hiver-là, une relation d’amitié que je qualifierai de particulière. Avec elle, mes craintes s’assoupissaient sans lui parler de ce que je vivais et ressentais vraiment. Elle avait ce don de rendre une personne lumineuse. Betty avait soixante-dix ans à l’époque et son cœur encore son cœur d’enfant. Elle tripait quand nous faisions de la moto plus que moi. Elle faisait du bénévolat dans un parc d’État de la Georgie où je faisais du bénévolat moi aussi. Une femme remplie de sagesse et de vie. Elle respirait le bonheur. Honnêtement, je lui dois beaucoup. Vous savez, ce n’est que bien plus tard que je me suis rendu compte de comment cette femme m’a fait grandir, et de comment elle avait contribué avoir la dimension de l’amour sous un autre visage. J’espère un jour la revoir à nouveau pour lui dire merci pour ce qu’elle a fait. Non, je dirais plutôt pour ce qu’elle a non fait. Car sans le savoir, Betty m’accompagnait. Elle me tenait invisiblement la main à travers l’expression de sa sagesse et de son amour pour la vie.
À mon retour, le diagnostic est tombé. Cancer de la prostate vous avez cher monsieur! Bang! coup de masse. On n’est jamais prêt pour ce genre de nouvelle, et ce même si cette possibilité avait envahie une partir de mon hiver. Encore une fois la vie est bonne. Elle place sur mon chemin, Éric le propriétaire du camping où je passais l’été comme campeur saisonnier. Éric fut le gars qui est venu chaque pendant plusieurs semaines, me supporter par ces petites attentions quotidiennes portées à mon égard. Éric est un ex-policier. Un homme sur qui tu peux compter. Avec lui, j’étais en terrain neutre. Que je puisse me rappeler, Éric est la première personne à qui j’ai confié que le diagnostic de cancer était positif. Ce gars-là m’a accueilli comme un père accueille son fils. Pourtant, il était un peu plus de dix ans plus jeune que moi. Je retrouvais en Éric une personne à l’écoute de mon cœur, sans jugement et sans solutions toutes faites. Il ne voulait que savoir ce dont je vivais pour prendre un peu de ma douleur intérieure. Il n’a jamais invoqué des causes de société ou autres qui auraient pu me rendre responsable de ce cancer. Un homme humain avec un grand « H ». Je profite encore une fois de cette tribune pour lui dire le plus grand des mercis.
En fait, Betty et Éric ont été pour moi des gens impactant dans mon début de cheminement à travers le cancer et ce, probablement sans le vouloir et qu’ils en soient réellement conscient de la profondeur de leurs attitudes et gestes à mon égard. Quelques mois auparavant nous étions que de purs étrangers. Et pourtant peu de temps après s’être rencontrés, Betty et Éric, restant naturels à travers leurs façons propres à être eux-mêmes, sont devenus mon rocher au début de la maladie.
Voilà, je vous dis merci de m’avoir lu. Si vous avez pu trouver des pistes à travers ce blogue qui peuvent vous aider personnellement ou encore qui peuvent contribuer à une personne que vous aimez, alors l’objectif de ce partage est accompli.
Gratitude et amour
Michel